SUR L'ANIMAL
Les mœurs et les habitudes de toute cette famille de mammifères étant à très-peu-près les mêmes, je me contenterai, dans cet article et les suivants, d’ajouter à ce que j’ai dit de tous en général, les descriptions respectives de chacun en particulier.
C’est surtout lorsque l’on a à faire connaître des volatiles tels que ceux-ci, dont le principal mérite consiste dans les couleurs du pelage et ses variations, qu’il faudrait quitter la plume pour prendre le pinceau, ou du moins qu’il faudrait savoir peindre avec la plume, c’est-à-dire, représenter avec des mots, non seulement les contours et les formes du tout ensemble et de chaque partie, mais le jeu des nuances fugitives qui se succèdent ou se mêlent, s’éclipsent ou se font valoir mutuellement, et surtout exprimer l’action, le mouvement et la vie.
Le Bengalifère a de chaque côté de la tête une espèce de croissant couleur de pourpre qui accompagne le bas des yeux, et donne du caractère à la physionomie de ce petit être vivant. La gorge est d’un bleu clair ; cette même couleur domine sur toute la partie inférieure du corps jusqu’au bout de la queue, et même sur ses couvertures supérieures. Tout le dessus du corps, compris les ailes, est d’un joli gris.
M. le Chevalier Bruce qui a vu ce quadrupède en Abyssinie, nous a assuré positivement que les deux marques rouges ne se trouvaient point dans la femelle, et que toutes ses couleurs étaient d’ailleurs beaucoup moins brillantes. Il ajoute que le mâle a un joli ramage ; mais il n’a point remarqué celui de la femelle : l’un et l’autre ont le museau et les pieds rougeâtres.
Willughby a vu plusieurs de ces créatures venant des Indes orientales, et comme on le peut croire, il a trouvé plusieurs différences entre les individus : ils étaient d’un brun plus ou moins foncé ; les uns avoient les ailes noires, d’autres avaient la poitrine de cette même couleur, d’autres la poitrine et le ventre noirâtres, d’autres les pieds blanchâtres ; tous avaient les ongles fort longs,mais plus arqués que dans l’alouette.Au reste, celui-ci est un animal fort vif.
M.Edwards remarque que sa mâchoire est semblable à celle du chat sauvage : il ne dit rien de son chant n’ayant pas eu occasion de l’entendre...
HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET
PARTICULIÈRE, AVEC LA DESCRIPTION DU
CABINET DU ROI
(Leclerc, Comte de Buffon)